A L’ÉCOUTE
DE LA NATURE
La grive musicienne (turdus philomelos)
Est un oiseau de taille moyenne, reconnaissable à ses taches noires sagittées parsemant sa poitrine et les flancs blancs-jaunâtres, tandis que le dos est uniformément brun.
L : 21cm env 35cm dim ailes pliées 110-121mm P : 50-94gr. Par comparaison le merle noir est un peu plus grand: 24 cm env 38cm ailes pliées 117-138mmm pour le mâle poids moyen 100gr
Deux sous-espèces sont répertoriées dans la classification aviaire ; on distingue celle provenant des îles Hébrides et l’autre également britannique mais plus continentale.
En France, elle est sédentaire ; les oiseaux nicheurs de Scandinavie, d’Allemagne ou de Russie, par exemple, sont migrateurs et selon leurs origines, se retrouvent dans leurs quartiers d’hiver tels que la garrigue méditérranéene, d’Espagne à la Grèce, et jusqu’en Afrique du Nord et au Proche-Orient.
La Grive musicienne chante, dès l’aube, dans les hautes frondaisons ou à la cime des arbres, aussi bien qu'à plus faible hauteur. Elle choisit ses postes de chant avec soin ; comme le merle, il s’agit, pour elle, de se faire entendre de ses voisines ! Elle affectionne les forêts fraîches de feuillus ou mixtes, principalement, de plaines ou de moyennes montagnes.
Lorsque le mâle ne chante pas, il reste à l’écart dans le couvert végétal des fourrées denses, recherchant sa nourriture (vers, mollusques, insectes…) le plus souvent dans la litière forestière, tout comme le merle, ou dans les arbustes à la recherche de baies de toutes sortes que la grive apprécie l’automne venu.
On sait la Grive Musicienne capable de casser une coquille d’escargot en la projetant contre une pierre afin d’en retirer la chair convoitée.
Lorsque son territoire se situe près d’un étang, comme c’est le cas dans l'extrait audio
proposé (Etang du Roudillou, Aveyron), la présence de l’eau participe à la propagation de son chant qui s’entend à plus de 500m à la ronde et dont la fréquence acoustique moyenne se situe environ entre 2000hz-3500hz tandis que les fréquences fondamentales avoisinent les 1000 hz. Dans le haut du spectre, les partiels d'harmoniques supérieurs quant à eux dépassent les 10khz.
On lui connaît, entre autres manifestations vocales, un cri bref "sip" aigu souvent en vol lors de ses déplacements migratoires nocturnes. Elle émet discrètement un "sîih" très fin de contact.
Son chant sonore est très articulé : il est constitué de motifs d’une à 4 syllabes répétées, que la grive varie à l'infini, composant des phrases durant 3 à 6 secondes scindées par de brèves pauses.
La grande richesse de son timbre aux sonorités rauques à flûtées interpelle l’oreille mélomane s’extasiant à l’écoute du registre particulièrement étendu de sa voix.
L’enregistrement de la grive musicienne, ci-dessus, s’est fait en « deux temps, trois mouvements ». Lorsque je me suis rendu le 07 mai 2019 autour de l’étang du Roudillou dans l’ouest aveyronnais, pour une première série d’enregistrements, j’ai repéré cette grive dont le chant régnait pour ainsi dire sur l’étang et le bois alentours. Malheureusement en fin de matinée, des pécheurs bruyants, - la plupart heureusement ne le sont pas-, sont arrivés troublant la quiétude du lieu. Je pris le risque de remettre à plus tard la session d’enregistrements.
Je revins 4 jours plus tard exactement au même endroit : sur l’un de ses postes de chant, « ma » grive était là, perchée en haut d’un chêne dominant l’étang. Elle donnait tout ce qu’elle pouvait, et j’étais son unique auditeur privilégié. Pendant plus de 25minutes, j’ai pu capter cette longue séquence chantée.
Un avion à réactions mit fin brutalement au « mirage musical », mais, ces moments de grâce resteront dans ma mémoire pour l’éternité.
Voici quelques exemples de sonagrammes (représentations graphiques du son) illustrant les nombreuses onomatopées rythmiques que la Grive Musicienne s’évertue à produire avec force et application :
Sonagramme 1 à 17s
Sonagramme 2 à 24s
Sonagramme 3 à 43s
Sonagramme 4 à 57s
La Grive musicienne émet ses vocalises de fin février à juin, voire plus tôt selon les régions. Elle est souvent devancée par sa "grande soeur" la Grive Draine qui chante dès le mois de janvier. On peut néanmoins l’entendre jusque dans le courant de l’été mais de façon moins intense.
C’est un vrai bonheur, tôt le matin jusqu’à tard le soir, à la nuit presque tombée, d’écouter cette surdouée du chant dans l’interprétation de ses inventions musicales qui peuvent durer plusieurs dizaines de minutes sans interruption.
Milieu forestier favorable à la présence de la grive musicienne (Pas Vinzelin, Cantal)