Le Bestiaire tel que je l’entends

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 Ce sont des animaux que l’on croise sans les voir, ou les entendre, sans soupçonner leur existence même…

C’est un rapport, - une relation différente entre l’humain, une espèce d’animal et les autres bêtes, basé sur un équilibre et une compréhension fine des interactions communes.

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 Cela change la donne : c’est-à-dire que dans cette relation de conscience, l’homme n’est plus l’espèce dominante qui exploite son milieu outrageusement. Il est simplement à sa place, à sa juste place, dans une altérité respectueuse ; ni plus, ni moins.

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 Je me présente Musicien-audionaturaliste, ou plus sûrement, selon l’exacte définition de Marc Namblard, « promeneur écoutant », deux mots indissociables dans mon parcours de vie et dans ma relation avec le monde du vivant.

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 Audio et naturaliste, ce sont les sons et plus précisément les sons de la nature, toutes ses expressions : cris, bruissements, stridulations d’insectes, pas n’importe lequel, pas à n’importe quel moment, chant d’une alouette, posée ou en vol, renversante toujours, chant d’un petit ruisseau qui fera les beaux jours d’une grande rivière, de la pluie fine ou drue, -quand les nuages n’en pouvant plus libèrent tout à coup leur flot d’émotions-, chant du vent – douce brise ou rafale rageuse ce n’est pas pareil-, dans le feuillage, pas n’importe quel feuillage…

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 Musicien parce que ce que je donne à entendre parle musique, c'est à dire mélomanie des sons qui s’enlacent, se frottent et se heurtent dans quelque dissonance jouissive !

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  Concert parce que, dans cette symphonie pastorale, ce sont des instruments et des voix concertantes, se comprenant sans vaines paroles, rivalisant parfois de virtuosité, au service d’un chant de reconnaissance et de gratitude.

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 Musique encore parce que structuré, phrasé, inventé, improvisé ; jeu de timbres et de rythmes sur fond de communication ; le tout dans une urgence de l’instant présent car l’oiseau qui exulte toute gorge déployée, le crapaud qui coasse dans une frénésie collective ou la cigale chauffée à blanc qui cymbalise mettent non seulement leur vie en jeu, mais surtout celle d’une descendance future.

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 Composition musicale aussi, car le rôle du monteur en ondes, c’est de réunir le plus habilement possible, différentes séquences, provenant d’un même lieu, ici aux alentours du buron de la Tuilière et de la montagne de Malbo dans le Cantal.

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 Composer, c’est poser, dans le même paysage sonore, une lande à genêts, un pâturage d’altitude (entre 1200 et 1500m environ), une simple branche même quand ce n’est pas l’extrémité d’une brindille frémissante, inscrits dans une géographie particulière, à une période bénie (le printemps).

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Composer c’est aussi, respecter une chronologie des moments, un déroulement dans le temps, le jour succédant à la nuit, le petit matin précédant le zénith du midi ; le temps s’écoulant sans laisser de trace, sauf pour les amoureux qui s’envolent…

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 Composer, enfin, ce sont des idées, un fil conducteur et des sujets en contrepoint, donnant cohérence au projet, avec au final l’émotion de partager avec un public attentif, un moment de beauté unique et fragile.

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Bon concert et bonne écoute. 

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Texte de présentation au concert "Paysage sonore du Haut Carladez" donné à Vic sur Cère le 16/10/2021

                                                                                                                        Denis Wagenmann